Le conflit mobilise les ressorts les plus profonds de l’âme humaine et la médiation ne peut réussir à le dépasser que si elle les appréhende dans un sens positif, vers la « sortie de crise ».

Notre dossier « médiation » serait donc incomplet sans un regard d’ordre anthropologique sur les enjeux de la médiation.

Il est jeté par Luis Alberto Aquino Benitez, sophia-analyste, qui clôturera les travaux de la Semaine de la médiation à Namur le 2 avril 2011 (voy. le programme ci-dessous, à la fin de l’article).

Pourquoi avoir sollicité mon « regard extérieur » à l’occasion de cette semaine de réflexion sur la médiation ? Sans doute parce que l’approche de la Sophia-analyse, que j’ai apportée et implantée en Belgique, propose une vision anthropologique où le « scénario de guerre » trouve un sens et une gravité centrale. Sans doute parce que la médiation se situe toujours au cœur du « scénario de guerre »…

Dans la lignée de la proposition freudienne, la Sophia-analyse s’accorde à reconnaître l’existence d’une pulsion de vie et d’une pulsion de mort. Occupé par ces deux pulsions, l’esprit humain sera inéluctablement confronté au combat qui oppose sa capacité créative et sa capacité destructrice.

Pour la Sophia-analyse, le couple est le laboratoire privilégié du processus de maturité de l’individu. A cet égard, le point de vue qui oppose « capacité créative » et « capacité destructrice » nous permet d’envisager, au cœur du couple, les années souvent très longues de conflictualité comme une étape incontournable dans un processus de maturité.

Magistrats, avocats, médiateurs et thérapeutes, nous savons que souvent l’expression « conflit » est un euphémisme qui désigne en réalité une véritable « guerre ». Cette « guerre », nous sommes appelés à l’enrayer et à la désamorcer grâce à l’approche spécifique de chacune de nos professions.

Les conditions difficiles ou précaires de notre arrivée au monde laissent des traces, des blessures, dans l’image que nous avons de nous-mêmes. Aussi, l’anthropologie Sophia-analytique propose qu’à un niveau plus profond, le « conflit » s’enracine dans les conditions négatives de notre arrivée au monde.

Dans un couple, l’un cherchera à être valorisé par l’autre… Et l’autre cherchera à être valorisé par l’un ! Lentement, mais inexorablement, cette validation sera recherchée aux dépens du conjoint.

« Heureusement que je suis là ! » ? dira l’un, « Heureusement que je suis là ! » ? dira l’autre : attitudes cancérigènes qui conduiront à l’exaspération de la confrontation et, bien souvent, à la mort du couple…

Le besoin de validation est intense. Etre frustré de cette validation sera l’occasion, inconsciemment recherchée, pour défouler « douleur » et « colère » accumulées depuis les blessures des origines de la vie.
Succombant à la tentation de la guerre, l’esprit humain perdra sa capacité de trouver des solutions. De toutes manières, tant que cette guerre sera agie, aucune solution ne sera acceptée…

Pour que notre intervention professionnelle soit efficace, nous devons pouvoir « accueillir pour transformer ». Ecouter. Sans scandale. Ni peur de la destructivité. Intervenir avec l’autorité de notre parole « neutre ». Nous serons alors « passeurs de vie » là où la guerre fait des ravages.
Si les clients acceptent notre éclairage sur leurs attitudes guerrières, nous pourrons évoquer une suite d’enjeux : la guerre n’est jamais la solution à rien même quand elle paraît inévitable. La seule perspective de la guerre est de détruire tout ce qui a été créé auparavant ; même pour le vainqueur, les ruines seront conséquentes… L’orgueil, vaut-il autant de pots cassés ? La puissance se mesure-t-elle à la capacité de détruire ou à la capacité de construire ?

Le conflit narcissique des premiers temps de vie est la source principale de la guerre. La véritable résolution d’une guerre, comportera la capacité de retrouver la positivité de l’autre : la reconnaître, la nommer et s’en nourrir.

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