1. L’avocate iranienne, Madame Nasrin Sotoudeh, déjà distinguée par le Prix Sakharov pour la liberté de l’esprit, octroyé par le Parlement européen en 2012, s’est vue décerner, le 24 mai 2019, le 23ème Prix international des droits de l’homme Ludovic Trarieux.
2. Depuis 1984, ce Prix est attribué à un avocat sans distinction de nationalité ou de barreau, qui aura illustré par son œuvre, son activité ou ses souffrances, la défense du respect des droits de l’Homme, des droits de la défense, la suprématie du droit, la lutte contre les racismes et l’intolérance sous toutes leurs formes.
Le prix est décerné, chaque année, conjointement par des instituts des droits de l’homme européens, des grand barreaux et organisations internationales d’avocats. Il est la plus ancienne et la plus prestigieuse des récompenses réservées à un avocat qui s’est consacré à la défense des droits de l’homme.
3. Son origine remonte au message de Ludovic Trarieux (1840-1904), fondateur au moment de l’Affaire Dreyfus, de la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen : « Ce n’était pas seulement d’ailleurs la cause isolée d’un homme qui était à défendre, c’était, derrière cette cause, le droit, la justice, l’humanité ».
Un an après sa création, le prix avait été attribué en 1985 à Nelson Mandela alors emprisonné depuis 23 ans en Afrique du Sud.
4. Madame Sotoudeh est cette célèbre avocate qui est aujourd’hui détenue à la prison d’Evin à Téhéran, et qui est l’avocate iranienne des journalistes, des prisonniers politiques et de militantes des droits des femmes en Iran. Madame Sotoudeh avait déjà été emprisonnée en 2010 pour propagande et atteinte à la sûreté de l’Etat pour avoir simplement pris la défense de personnes qui avaient manifesté en 2009, à la suite de la réélection de l’ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad, et qui avaient par répression été emprisonnées.
5. À l’occasion de la visite du nouveau président iranien Monsieur Hassan Rohani à New York à l’Assemblée générale de l’ONU, l’avocate avait obtenu sa libération conditionnelle en septembre 2013.
Elle a alors eu le courage de nouveau de se consacrer à la défense des libertés fondamentales et du droit à l’égalité entre les hommes et les femmes.
Madame Nasrin Sotoudeh a ainsi pris la défense des femmes qui osent, de manière pacifique, sur l’Avenue Enghelab à Téhéran, contester le port obligatoire du hijab.
À nouveau arrêtée en 2018, Madame Nasrin Sotoudeh a été condamnée par le Tribunal révolutionnaire de Téhéran à 38 ans de prison et 148 coups de fouet. C’est la peine est la plus lourde prononcée à l’encontre d’un défenseur des droits humains en Iran.
Elle a vocation non seulement à faire taire définitivement l’avocate, mais également à montrer que l’on ne peut s’opposer au Pouvoir en place, quand bien même il s’agit d’un avocat qui essaierait d’exercer son devoir et remplir sa mission de défense.
6. Son histoire est un exemple des répressions que l’on rencontre dans beaucoup de pays où les règles de la démocratie et les droits de l’homme ne sont pas respectés.
Les avocats, comme les défenseurs des droits de l’homme, font souvent l’objet de répressions pouvant aller jusqu’à l’assassinat, à la condamnation à la peine capitale ou à de longues peines de prison.
En 2018, plusieurs milliers d’avocats ont été condamnés à travers le monde (notamment en Turquie et en Chine), alors qu’ils exerçaient la défense, qui est une garantie pour les citoyens, dans un régime démocratique, contre l’arbitraire des autorités et gouvernements.
7. Le barreau de Bruxelles, avec d’autres (notamment Amnesty International, a lancé une pétition afin d’obtenir du guide suprême de l’Iran de faire libérer Madame Nasrin Sotoudeh immédiatement et sans condition et d’annuler ses condamnations sans délai. Elle peut être signée via les pages suivantes : cliquer ici.
Votre point de vue
Amandine Le 28 juin 2019 à 17:09
Et réclamer aussi la libération de Julian Assange, fondateur de Wiki Leaks, qui croupit dans une prison britannique, en attendant l’extradition demandée par les USA.
https://www.monde-diplomatique.fr/2019/05/BRANCO/59876
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skoby Le 28 juin 2019 à 12:32
Vous avez entièrement raison. Il faut utiliser tous les moyens pour obtenir
du gouvernement Iranien, la libération de cette avocate, qui défend les droits
de l’homme.
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