Sur les écrans : « Une intime conviction » à la fois crédible et percutante

par Antoine Leroy - 1er avril 2019

Antoine Leroy, avocat au barreau de Bruxelles, est allé voir « Une intime conviction », un film d’Antoine Raimbault avec notamment Marina Foïs, Olivier Gourmet, Laurent Lucas et Jean Benguigui.

Il l’a apprécié et nous dit pourquoi.

Les professionnels de la justice sont souvent déçus lorsqu’ils regardent un film de procès. Quand il ne s’agit pas d’une version américanisée, ponctuée d’« Objection, votre honneur ! », ils regrettent la simplification excessive, l’absence de nuances, le manichéisme traditionnel entre les « gentilles » victimes et les « méchants » auteurs.

Rien de tout cela dans le film « Une intime conviction », porté à bout de bras par un Olivier Gourmet époustouflant. Celui-ci incarne le célèbre avocat pénaliste français Éric Dupond-Moretti qui déploie tout son talent pour obtenir l’acquittement de son client, accusé d’avoir tué sa femme. Il commet des erreurs, est désagréable, fait preuve d’un égocentrisme rare mais il met toutes ses tripes dans ce combat qu’il livre pour arracher la victoire. Son client est totalement dépassé par ce procès, il se défend tellement mal, ne s’exprime pas lorsqu’il le faut et n’adopte pas la posture présupposée d’un innocent.

Les seconds rôles sont vrais également : les avocats des parties civiles (et notamment le formidable Jean Benguigui), qui se saisissent de chaque moment de faiblesse de l’accusé ou de son conseil, l’avocat général qui joue de sa robe rouge pour impressionner les jurés, le président qui dirige les débats sans jamais vraiment parvenir à atteindre l’objectivité.

Tous les à-côtés sont aussi parfaitement crédibles : les moments de grâce, d’épuisement, de lassitude ou d’humour qui émaillent toute session d’une cour d’assises. La salle d’audience et ses abords. Les discussions entre les membres du jury. La pression de la presse.

La présence de cette femme, jouée par Marina Foïs, qui soutient indéfectiblement l’accusé et prête son concours à son avocat, s’explique par un dessein narratif légitime mais constitue la seule faille à la crédibilité de la retranscription du procès : comment imaginer notamment qu’un avocat confie, au mépris de son secret professionnel, l’ensemble des enregistrements de conversations téléphoniques à une parfaite inconnue ou encore que des retranscriptions de ceux-ci ne soient pas intervenus durant l’instruction ?

En somme, un film que devrait voir tout candidat à la carrière d’avocat pénaliste, tant il permet d’approcher la réalité brutale d’un procès d’assises.

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Antoine Leroy


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Avocat au barreau de Bruxelles

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