Unago, un pont entre la prison et l’emploi

23 février 2024

Impressionnée par un ancien détenu rencontré chez ses parents, Coraline de Spirlet, jeune criminologue, devient visiteuse de prison et découvre cet univers particulier, « avec ses incohérences et ses injustices », explique-t-elle.
Elle s’interroge : « Je ne peux pas changer la prison, mais peut-être faire quelque chose d’autre ? ».

Définir un projet

La criminologue réfléchit, pense à créer une maison d’accueil mais choisit finalement de « faire le lien entre ces personnes qui ne demandent qu’à travailler et ne trouvent pas d’emploi et des entrepreneurs qui recrutent difficilement, dans différents secteurs et pour différentes fonctions ». Coraline de Spirlet en est convaincue : tout le monde mérite une seconde chance !
Mais comment commencer ? Déterminée, optimiste et positive, la jeune femme s’inscrit au StartLab, un « nid d’entreprises », un « incubateur » aidant de jeunes entrepreneurs à concrétiser leurs idées. Elle suit aussi un master en gestion et est rejointe par une psychologue, Marjorie. Les futures entrepreneuses réalisent une étude de marché, rencontrent de multiples et divers services concernés par la réinsertion des ex-détenus et intervenant en et hors de prison, tous ces services pouvant devenir des partenaires. Les difficultés des anciens détenus à trouver du travail se confirment !
Les jeunes femmes prennent alors contact avec des entreprises ; nombreuses d’entre elles recherchent souvent des ouvriers, qualifiés ou non, ce qui correspond au profil de la majorité des personnes en détention. Le projet s’affine…

Une double écoute

Les entrepreneuses précisent leurs observations et constats sur leur site https://unagrorecrutement.be :

  • on compte 60 % de récidives chez les anciens détenus… mais ce chiffre est nettement inférieur chez les ex-détenus ayant trouvé un emploi endéans un an à leur sortie de prison ;
  • des ex-détenus souhaitent se réinsérer dans la société, en particulier via un emploi, mais avoir un casier judiciaire est réellement un frein ;
  • des entreprises recherchent de la main d’œuvre mais le recrutement est ardu… De nombreux métiers sont en pénurie.

Les deux entrepreneuses contextualisent aussi leur projet : les citoyens sont en mal de sécurité et l’État belge dépense 50.000 euros par an et par détenu.
Identifiant, agitant, mélangeant ces constats, elles mettent sur pied l’asbl Unago (« Agir ensemble », en latin) en février 2022. L’objectif est clairement défini : il s’agit d’être un pont entre ceux qui cherchent et trouvent difficilement un emploi et ces autres qui cherchent et trouvent tout aussi difficilement de la main d’œuvre.

Concrètement

Unago part des besoins des entreprises qu’elle contacte et interroge : quels profils recherchent-elles ? Quelles qualifications ? À quelles conditions ?
Côté travailleurs potentiels, une association qui travaille sur le terrain, un CPAS, une maison de justice… renseignent Unago à un ex-détenu et celui-ci peut décider de prendre contact avec l’association. Des candidats sont alors présélectionnés via une interview, un test de personnalité, une expertise psychologique. Trois rencontres individuelles d’une heure sont programmées, permettant de découvrir une motivation mais aussi un parcours (rien à voir avec le motif de la prison !), des forces, des faiblesses, des besoins, des souhaits, des qualifications professionnelles ou pas… Suivent alors la rédaction d’un convention, d’une lettre de motivation, la simulation d’entretiens d’embauche, etc.
Et parfois « ça matche » dit Coraline : une entreprise recherche un profil correspondant à celui d’un ex-détenu ! Et le suivi continue : rendez-vous après deux semaines de travail, puis une fois par mois pendant six mois, en présence ou non de l’employeur. Il s’agit de faire le point : les attentes, les besoins de l’un et de l’autre sont-ils rencontrés ? Satisfaits ?

L’espoir : grandir !

Aujourd’hui, quatre ex-détenus ont un emploi et quatre entreprises ont embauché un nouveau travailleur qu’elles désespéraient trouver !
Unago ne souhaite pas en rester là, mais rêve (et travaille !) à se développer ! Dès le mois de mars, l’asbl fonctionnera avec deux temps plein (un, auparavant).
Unago est financièrement aidée par la Région bruxelloise et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
On lui souhaite le meilleur !

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