Les auteurs de la pétition disent « craindre une nouvelle déferlante d’émotion et pensent au contraire qu’il est temps de faire place au silence, à la pensée... ».
Voici le texte de la pétition, intitulée « Place au silence » :
« Ces dernières semaines, nous nous sommes tus.
Nous nous sommes tus pour laisser la Cour de cassation travailler.
Nous nous sommes tus malgré le vacarme et malgré le fait que trop souvent les médias, prétendant relayer l’opinion, la construisent et attisent l’émotion bien plus que la pensée. Regrettable.
Aujourd’hui, la Cour vient de rappeler que la justice n’est pas la vengeance.
Rappel salutaire.
L’émotion ne devrait pas exclure la dignité, soit un équilibrage rendu possible par la pensée. Pouvoir penser, c’est sans doute ce qui a manqué le plus à Michelle Martin il y a plus de quinze ans maintenant. Pouvoir penser, c’est ce qui fait défaut aujourd’hui aux représentants des victimes qui tentent de faire de la justice une entreprise privée, loin de l’intérêt collectif et du respect des libertés individuelles. Pouvoir penser, c’est ce qui manque aux hommes et aux femmes politiques qui « comprennent » l’émotion en lui donnant raison jusque dans ses dévoiements. Pouvoir penser, c’est ce qui manque aujourd’hui aux commentateurs haineux, sadiques et insultants qui s’exhibent avec la complaisance de presque toute la presse...
La pensée n’est pas affaire de spécialistes. Mais elle demande un peu de travail, un peu de silence, un peu de concentration, un peu d’échanges et beaucoup de respect.
C’est ce que nous espérons dans les semaines qui viennent et c’est pourquoi nous invitons les médias à relayer la lettre de Joël Van Cauter aux sœurs Clarisses (publiée dans La Libre Belgique du 21 août 2012), et plus particulièrement les paragraphes suivants :
‘Il y a près de 20 ans, ma première femme a été assassinée. Je n’ai jamais pardonné à l’assassin. Je ne compte pas le faire. Mais si je ne lui pardonne pas à titre personnel, je ne crois pas qu’un être qui a tué puisse être réduit à un seul de ses gestes, même si ce geste relève du pire.
Au contraire, je crois que celui qui a fait mal doit pouvoir grandir, par la confrontation au négatif qu’il a incarné, engendré, à un moment.
Je crois que l’assassin est ainsi confronté au même mouvement que les proches de la victime, victimes elles-mêmes. On parlera de rédemption d’un côté, de deuil de l’autre. Ce ne sont que des mots. Figés, ils ne disent pas le cheminement, le tâtonnement, l’incertain, le doute. Ils ne disent pas la douleur. Ils ne disent pas assez le murissement, ce fruit de la vie qui peut être belle et bonne, malgré tout.
Refuser la libération conditionnelle, que la loi autorise à certaines conditions, c’est maintenir le coupable et la victime enfermés dans un même passé. Permettre à un prisonnier qui en a le droit de quitter une prison, c’est permettre que le fleuve aille à la mer.
Mesdames, je ne vous connais pas.
Il est probable que nous ne partagions pas les mêmes idées, peut-être pas toutes les mêmes valeurs.
J’ai néanmoins la conviction, comme homme et comme citoyen, qu’il faut que des personnes telles que vous jouent le rôle d’accueil que vous vous apprêtez à jouer [...]’ ».
Votre point de vue
skoby Le 3 septembre 2012 à 11:38
"La Justice n’est pas la vengeance " D’accord, mais la Justice porte souvent
des jugements qu’elle n’a pas à porter, puisqu’elle ne fait qu’appliquer les lois,
même lorsqu’elles sont mal faites par des politiciens incapables.
La sentence des Tribunaux devraient être appliquées, sans remises de peines,
basées sur l’avis de gardiens et Directeurs de prisons.
Organisons comme dans certains pays nordiques, l’apprentissage d’un métier pour faciliter le reclassement de l’individu dans la société.
En Belgique on relâche sans formation, sans savoir comment l’individu pourra
recommencer une vie, sans retomber dans les erreurs qui l’ont emmené en prison.
C’est un cercle vicieux, qui ne sera jamais rompu si on ne prend pas les mesures nécessaires, et il est donc futile de discutailler sur le fait qu’il faut faire exécuter un tiers, la moitié, les trois-quarts ou l’entièreté de la peine.
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Gisèle Tordoir Le 2 septembre 2012 à 17:05
Cet extrait de lettre adressée aux Clarisses est plein de sagesse, de réflexion raisonnée mais n’engage que son auteur. Pour le "cas Martin", je pense que personne, hormis la(les) victime(s), n’a(n’ont) le droit de décider de pardonner ou pas. Le pardon, tout d’abord, se demande. Il ne s’octroie pas d’office et sûrement par d’autre(s) que la(les) victime(s). Si les Clarisses ont ce principe, tout le monde ne nourrit pas ce sentiment. Toutefois je suis bien d’accord qu’une "vengeance" populaire n’est absolument pas la solution. Il faut impérativement revoir nos lois de façon à ce qu’elles ne puissent plus être sujets à discussions, à interprétations. Il faut que les victimes aient leur mot à dire dans les décisions judiciaires. Et non pas seulement des juges qui sous le prétexte qu’ils appliquent des règles qu’ils ont étudiées rendent des jugements souvent discutables. La perpétuité, l’incompressibilité des peines ne sont pas les seules réponses. Nos prisons seraient moins surpeuplées si ces juges ne faisaient pas si facilement ce choix. Que l’on renvoie dans le pays de leurs origines tous les malfrats dangereux pour notre pays : ils ont la double nationalité, paraît-il. Cela fera rapidement beaucoup plus de places pour les criminels belges réellement dangereux. Les juges sont des hommes (femmes) avec leurs faiblesses et non des sur-hommes (femmes) exemplaires. J’en ai déjà suffisamment fait la triste expérience et la fais encore actuellement. La mixité "citoyens-magistrats-gouvernants" dans les "groupes" de travail pour revoir fondamentalement le (dys-)fonctionnement de notre justice est indispensable. Il y va de la démocratie. Il faut évoluer avec son temps.
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