Après la saga de l’été, l’affaire « De Tandt », la presse préparait sa rentrée.

On ne parlait plus que de cela : le « classico : Anderlecht - Standard ».

L’événement est surmédiatisé. Déclarations tapageuses des uns et des autres, du style « on veut des guerriers », « on va leur montrer de quoi on est capable », et j’en passe.

Tout est en place pour le match ou plutôt « l’affrontement ».

Ce qui devait arriver, arriva. Le jeune Axel Witsel, vingt ans, star montante du football belge (dernier soulier d’or 2008), blesse gravement l’international polonais Marcin Wasilewski, dont la carrière est peut-être brisée.

Image choc, commentaires encore plus choc, diffusion, rediffusion des images et, pour ceux qui auraient raté ce qu’il faut voir, tout est disponible sur le net.

La presse se déchaîne. On tente d’interroger l’auteur de « l’agression », la victime, les coéquipiers des joueurs, les dirigeants des clubs, les sponsors, l’entourage des protagonistes. Tout élément, quel qu’il soit, est bon à prendre et à utiliser.

L’avantage, si l’on peut dire, avec le football, c’est que le procès est rapide. Moins de 48 heures après les faits, « l’accusé » est entendu par le comité sportif de l’Union belge de football. La presse ne manque pas l’événement. A peine le procureur fédéral s’est-il exprimé, qu’en live sur le net on apprend qu’une sanction lourde a été réclamée.

Quelques minutes plus tard, le verdict tombe, c’est une sanction sévère pour le joueur.
Pouvait-il en être autrement dans ce contexte ?

Reste à savoir si une procédure pénale sera mise en oeuvre ou non dans les prochains jours.

Reste surtout à savoir si l’intéressé pourra encore, après ce qu’il a fait, jouer dans le championnat belge de football ?

La presse interroge tous ceux qui peuvent avoir un avis sur la question et inexorablement une bonne partie de l’opinion publique estime qu’Axel Witsel ne pourra sans doute plus, avant longtemps, jouer dans le championnat belge.

L’exil reviendrait dans notre arsenal de peines et de sanctions. Avec ceci de particulier qu’aucune juridiction ne le prononcera. Il est le fruit de la médiatisation et de l’opinion publique qui lancent l’idée jusqu’à ce qu’elle devienne une évidence.
Pour cet exil, pas de juridiction, pas de droit de la défense, pas d’avocat, pas de droit tout court.

Witsel devra sans doute quitter le pays.

C’est bien connu, du Capitole à la roche tarpéienne, il n’y a qu’un pas. Ou, plus prosaïquement, plus on est haut, plus la chute est dure.

Y a-t-il un intérêt quelconque à rappeler que, même si les conséquences du geste sont graves, Axel Witsel n’a que vingt ans et qu’il a commis ce geste dans le feu d’une action qui n’a pas duré plus qu’un dixième de seconde ? Ne faudrait-il pas prendre son temps (ni trop ni trop peu) pour juger, c’est-à-dire pour apprécier en tenant compte sereinement, sévèrement s’il y a lieu, toutes les circonstances de ce très malheureux événement ?

La saga de l’été, « l’affaire De Tandt » et celle de la rentrée, « l’affaire Witsel », ont un point commun terrifiant : l’idée véhiculée par quelques médias : « quelle que soit la responsabilité de l’acte, après ce qui s’est passé, comment l’intéressé(e) pourrait-il (elle) reprendre sa place ? ».

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