La loyauté et l’indépendance de l’avocat

par Robert De Baerdemaeker - 16 juin 2010

L’article de Pierre Corvilain comprenait la phrase suivante, « l’avocat n’est pas aux ordres de son client et se doit de refuser toute intervention qui lui ferait méconnaître son devoir de loyauté » ; qui a suscité l’incompréhension d’un de nos lecteurs, ainsi formulée :

« Pour rappel, la définition de la loyauté est : fidélité manifestée par la conduite aux engagements pris, au respect des règles de l’honneur et de la probité. Pour quelle raison, l’avocat, qui a reçu une provision pour faire valoir les droits et défendre les intérêts de son client contre des avocats corrompus, peut mettre fin à son intervention si son client ne se range pas à son avis (sciemment erroné) ? Pour quelle raison, certains bâtonniers protègent-ils certains de leurs confrères qui ont incontestablement manqué à leurs devoirs malgré les provisions reçues ? Le Code de déontologie de l’avocat est-il un mirage ? »

Robert De Baerdemaeker, ancien bâtonnier du barreau de Bruxelles et vice-président de l’Ordre des barreaux francophones et germanophone (O.B.F.G.) a accepté de donner suite à cette interpellation, plus spécialement sur la notion de loyauté de l’avocat.

La notion de loyauté utilisée dans l’article de Pierre Corvilain a manifestement été comprise par notre internaute comme une réelle obligation de l’avocat de ne pas abandonner son client et d’accepter de le défendre selon les arguments qu’il impose. Dans cette optique, la loyauté est manifestement interprétée à tort comme une obligation de fidélité absolue.

En réalité, la loyauté doit être comprise de deux manières différentes.

Il y a incontestablement la loyauté de l’avocat vis-à-vis de son client, qui génère sans doute une obligation morale de ne pas abandonner celui-ci lorsque sa situation se complique.

Mais la loyauté de l’avocat, c’est également autre chose. C’est le comportement général de l’avocat qui doit être loyal. Il doit respecter la loi, son serment d’avocat et son indépendance. Cette loyauté constitue pour lui une obligation générale à l’égard de tous. Elle dépasse forcément les intérêts individuels d’un client.

Dès lors, l’avocat ne peut accepter, en raison de son indépendance, de renoncer à ses obligations naturelles pour plaire à son client.

S’il le faisait, l’avocat ne serait non seulement ni fidèle, ni indépendant mais il s’exposerait au risque de devenir complice.

L’avocat doit donc dans certains cas mettre fin à son intervention si son client ne peut accepter qu’il refuse de transgresser les règles auxquelles il est soumis.

La circonstance que le client a déjà payé une provision ne fait certainement pas disparaître l’application de cette règle. Un remboursement d’une partie des honoraires peut d’ailleurs être envisagé.

En outre, s’il s’avère que la partie adverse du client est un avocat, il n’y a pas de raison de déroger à la règle.

Le rôle du bâtonnier est d’apprécier si le comportement de l’avocat et conforme à la déontologie qui s’impose aux avocats.

Cette déontologie constitue un socle des droits de la défense dans un Etat de droit et elle s’impose à tous les avocats dans l’intérêt des clients qu’ils défendent. La contourner en raison d’un ressentiment particulier en ferait disparaître tout le sens.

Votre point de vue

  • ninifel
    ninifel Le 21 novembre 2015 à 10:25

    Je suis également confronté à ce problème mais le Batonnier ne dit rien. Il s’agit d’un procès de copropriété avec plusieurs procédures pendantes en justice de Paix et une procédure en appel au Tribunal d’Instance en réouverture de débat à plaider en 2016. Ma précédente avocate étant décédée, j’ai un nouvel avocat pour la justice de paix. Comme la copropriété , j’ai aussi conclu une convention de mise à jour des conclusions de réouverture de débat et plaidoirie 2016 avec un 2ème avocat qui trouvait ce dossier bon et facile.

    Soudainement, à 5 jours de la date limite du dépot de conclusions, je subis un chantage de l’ Avocat qui exige un mandat blanc-seing pour tout le dossier complet du procès ET un chèque en blanc, sinon :

    "je me décharge du dossier immédiatement."

    Alors, je lui propose de me rembourser la somme de 1990 euros que je lui ai payé pour rédiger ces conclusions mais il répond ceci "Je ne vous rembourserai pas un euro pour le travail qui a été dument presté.

    Pour la énième fois : IL N’Y A PAS DE BUDGET CONVENU  !"

    Pourtant, je n’ai reçu aucune prestation ...

    Notre convention comprend aussi la plaidoirie d’Avocat pour défendre ses conclusions qui sont invisibles. Le Batonnier dit rien. Le comprends que leur comportement sabote ma défense (en appel) et va créer un procès supplémentaire auprès du Tribunal. Le président du Conseil de discipline écrit qu’il n’est pas concerné. Quel conseil à un citoyen pour ce genre de problématique ? J’aimerai que le Bâtonnier intervienne. Merci.

    • Trigalet Marie-Christine
      Trigalet Marie-Christine Le 8 juillet 2021 à 20:01

      J’ai eu le même cas que vous.

    Répondre à ce message

  • Trigalet Marie-Christine
    Trigalet Marie-Christine Le 8 juillet 2021 à 19:58

    Trop souvent, les clients sont mis à l’écart des arrangements qui interviennent entre avocats. Il est très difficile dans ces cas d’avoir une totale confiance en son conseil.

    PROPOSITION A TOUS les "clients" mécontents de leurs avocats et de la Justice à JUSTE TITRE

    SE REGTROUPER pour DEPOSER PLAINTE au NIVEAU de la LIGUE des DROITS de l’HOMME

    Toute personne abandonnant son contrat en cours de route ailleurs dans la société serait poursuivie par sa société ou la société...
    Pourquoi les avocats y échapperaient-ils ?

    _

    Répondre à ce message

  • KOULOS Kosta
    KOULOS Kosta Le 16 juin 2010 à 22:02

    Cher Maître, la notion de loyauté a bien été comprise, vous avez l’art de compliqué les choses comme la plupart de vos confrères, ce n’est pas le client qui a transgressé les règles, ce sont certains avocats qui ne veulent pas reconnaîtrent leurs fautes ! L’avocat a le devoir d’être loyal et honnête, si l’avocat accepte une mission, il a le devoir de respecter son Code de déontologie et le Code judiciaire ! Malheureusement, la majorité des citoyens ne connaissent pas leurs droits, pour info, selon votre Code de déontologie, les devoirs fondamentaux concernant le client sont : art. 2.7., l’avocat doit toujours placer les intérêts de son client avant les siens propres ou ceux de ses confrères, art 3.1.2. – 3.1.3. – 3.1.4., l’avocat, dès lors qu’il a accepté une affaire, il a l’obligation de ne pas cesser de s’en occuper sans s’assurer que les intérêts de son client seront sauvegardés, art. 3.7.1., l’avocat doit essayer à tout moment de trouver une solution au litige du client… ou de recourir à des modes alternatifs pour mettre fin au litige, art 5.1.1., la confraternité exige … Elle ne doit cependant jamais mettre en opposition les intérêts de l’avocat et ceux du client ou à ceux de la justice. Cette déontologie constitue l’ensemble des règles morales qui régissent la profession d’avocat, malheureusement, ces règles sont trop souvent bafouées, jusqu’à quand ? Merci à « justice en ligne » et aux avocats qui éclairent le citoyen.
    KOULOS Kosta

    • Trigalet Marie-Christine
      Trigalet Marie-Christine Le 8 juillet 2021 à 19:57

      Bonjour,

      J’ail lu votre commentaire et je l’apprécie vu moi aussi mes problèmes avec des avocats indélicats

      Où pourrais-je trouver les obligations complètes des avocats envers leurs clients....

      Parce que je suis victime d’un procès médico-légal, mais ’J AI JUSTE LE DROIT DE ME TAIRE dirait-on

      Le seul HIC, c’est, que contrairement à un procès judiciaire, une fois le forfait accompli, l’ETAT DE LA VICTIME CONTINUE à SE DEGRADER MECHAMMENT
      Et que donc, c’est elle LA PERSONNE LA PLUS AU COURANT DE SON ETAT, si elle y fait suffisamment attention
      La Loi stipule d’ailleurs que c’est A LA VICTIME de fournir toutes les preuves de son ETAT MEDICAL...
      D’où l’utilité d’avoir ACCES A TOUT son dossier médical SANS AUCUNE RESTRICTION...
      Ce qui N EST MALHEUREUSEMENT TOUJOURS PAS LE CAS EN CE MOMENT

    Répondre à ce message

  • Liliana
    Liliana Le 8 juillet 2012 à 15:29

    Merci pour cet ser. et ces documents
    Cialis prix

    • KEKONE MOKUBA Richard
      KEKONE MOKUBA Richard Le 31 juillet 2012 à 14:23

      l’Avocat doit savoir qu’ après un procès pour le client ou au cour d’un procès pour le client il peut toujours intervenir un autre procès mais cette fois là contre le client, en d’autres termes le client peut toujours se retourné contre vous soit devant le conseil de l’odre, soit devant une juridiction de droit commun pour un tel ou tel autre fait....
      KEKONE MOKUBA Richard
      à bientôt : Quid de la loyauté de la profession d’avocat ?

    • Trigalet Marie-Christine
      Trigalet Marie-Christine Le 8 juillet 2021 à 19:18

      D’accord, l’avocat peut ensuite se retourner contre vous dans un autre proces

      La QUESTION ETANT
      _
      PEUT-IL SE SERVIR des ELEMENTS DONNES par son client PRECEDENT sous le sceau de la CONFIDENCE et THEORIQUEMENT sous le sceau du SECRET PROFESSIONNEL pour les utiliser CONTRE ce même client dans un autre procès ????
      _

    Répondre à ce message

  • Michel Franke
    Michel Franke Le 24 janvier 2014 à 12:44

    Après avoir plaidé sans succès suite à un accident de circulation ayant entrainé le décès de notre père en 2007 comme usager faible âgé de 84 ans,notre avocat nous envoie ce jour une lettre précisant que suite à notre lettre précisant notre mécontentement de sa manière à nous défendre ayant perdu tous les procès ,il mettait fin à notre défense immédiatement,en a t il le droit car il réclame malgré cela ces honoraires ,alors que à part un acompte qu’il s’est pris sur une récupération d’argent de la partie adverse sans nous le demander au préalable,il ne nous a jamais avant le 30 décembre 2013 fait état de ses honoraires.
    Nous ne comptons pas en rester là et allons porter plainte auprès du bâtonnier de l’ordre des avocats au barreau de Bruxelles

    • Nadine Goossens
      Nadine Goossens Le 10 février 2015 à 21:39

      Je suis dans le même cas de figure que vous. Je suis étrangère et je réside loin de la Belgique.

      Dans une affaire contentieuse qui se déroule en Belgique, j’ai eu besoin de l’aide et des conseils d’un avocat belge. Sans relations dans ce pays, j’ai trouvé ses coordonnées sur internet.
      A travers ses courriers ce Conseil s’est révélé brouillardeux, et ne m’a jamais communiqué ne fut-ce qu’une estimation de ses honoraires voire une convention d’honoraires, quand bien même il a exigé le paiement préalable de provisions. Mais je peux comprendre qu’il veuille s’assurer de ma solvabilité.

      Au cours d’une réunion déchaînée, il n’est JAMAIS intervenu, pas même lors des menaces et agression (physique) par un adversaire agité, si ce n’est que mon avocat fut le premier à avoir évacuer la pièce. Je lui ai tout de même demandé quelques explications qui m’apparaissaient légitimes.
      Il a aussitôt déclarer mettre fin à son intervention (laquelle !?) et en guise de sortie m’a servi une note d’honoraires salée sur laquelle rien n’est justifié.

      Je ne me laisserai pas faire pour autant.

      Est ce que cet avocat "chevronné" a déjà entendu parler du règlement OBFG du 27 novembre 2004 entré en vigueur en mai 2005, mais aussi de la directive Bolkenstein applicable depuis le 26 mars 2010 ?!

      C’est dingue...

    Répondre à ce message

  • Beya MERAD
    Beya MERAD Le 25 juin 2010 à 18:55

    Cher Maître,
    Si je comprends bien, il serait envisageable de déposer plainte au pénal contre un avocat,qui au lieu de conseiller à sa cliente de cesser la pratique illégale, préfère déployer son énergie pour nier l’évidence même.
    Quid si c’est le Bâtonnier lui même qui est concerné en tant qu’avocat ?

    Peut-on exiger de son avocat qu’il nous transmette tous les courriers confidentiels qu’il échange avec le conseil de la partie adverse ?
    Trop souvent, les clients sont mis à l’écart des arrangements qui interviennent entre avocats. Il est très difficile dans ces cas d’avoir une totale confiance en son conseil.
    Comment combattre ces collusions ?

    Répondre à ce message

Votre message

Qui êtes-vous ?

Pour afficher votre trombine avec votre message, enregistrez-la d’abord sur gravatar.com (gratuit et indolore) et n’oubliez pas d’indiquer votre adresse e-mail ici.

Votre message

Les messages sont limités à 1500 caractères (espaces compris).

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Ajouter un document

Robert De Baerdemaeker


Auteur

Ancien bâtonnier du barreau de Bruxelles
Vice-président de l’Ordre des barreaux francophones et germanophone (O.B.F.G.)

Partager en ligne

Articles dans le même dossier

Avec le soutien de la Caisse de prévoyance des avocats, des huissiers de justice et des autres indépendants
Pour placer ici votre logo, contactez-nous