Un travail universitaire
1. Dans le cadre universitaire ULB-VUB, un groupe de six étudiants a réalisé un travail de fin de formation de Master en patrimoine architectural entre mars et septembre 2019 ayant pour sujet le Palais de Justice de Bruxelles. L’objectif annoncé de ce travail était de réaliser une étude de cas appliquée à un bâtiment bruxellois à valeur patrimoniale reconnue mais en déshérence. Ses auteurs sont Thierry Henrard, Thomas Greck, Margaux Flamand, Sophie Ferooz, Melek Surgun et Irene Panebianco.
Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, cet époustouflant bâtiment, œuvre de l’architecte Joseph Poelaert (1817-1879) inaugurée le 15 octobre 1883, s’est avéré être aussi mal connu que peu documenté.
Alors que le travail devait constituer une approche originale de restauration patrimoniale, ce constat conduisit à faire le choix de se concentrer sur l’indispensable étude historique de l’évolution architecturale de l’édifice, ce qui n’avait pas été fait jusqu’à présent.
Des archives inédites
2. Au fil des lectures des publications sur le sujet pour tenter de comprendre la situation, certains groupes de mots, certaines phrases même, revenaient de manière chronique comme tournant sur elles-mêmes dans un vase clos.
Rapidement aussi, une mise en garde se profila : le Palais est entouré d’une brume de légendes capable de détourner les approches scientifiques, et suivre les chemins balisés conduit à la case départ.
La réalité dépassait-elle donc la fiction ?
Il fallait chercher une nouvelle voie en travaillant de manière rigoureuse, patiente et obstinée. Remonter les pistes, une étape à la fois.
Ces recherches ont permis la découverte de deux fonds d’archives inédits :
– Albert Storrer (1894-1977), Ingénieur Architecte, Conservateur du Palais de Justice de 1929 à 1959 et auteur de l’actuelle coupole ;
– Victor Horta (1861-1947), Architecte et son texte de 92 pages, daté 1940, « La leçon du Palais de Justice de Bruxelles, commentaire architectural », fruit de sa fascination pour le Palais.
Si Horta et ses écrits permettent d’ouvrir les yeux avec une magistrale leçon d’architecture, les archives Storrer contiennent plus de 5000 documents. Elles ont constitué une source de documentation exceptionnelle permettant une compréhension de l’histoire du Palais bien plus étendue que celle qui pouvait être faite jusqu’à ce jour.
Nouvelle histoire, nouvelle lecture
3. L’étude qui en a été faite livre une nouvelle histoire dont le propos commence en 1883 et s’arrête en janvier 1959.
Elle charpente un mémoire de fin de formation de plus de 300 pages défendu devant un jury de l’Université Libre de Bruxelles et de la Vrije Universiteit Brussel en octobre 2019.
L’exposé constitue peut-être un nouveau camp de base établi pour poursuivre la route, mais certainement pas l’expression d’un drapeau planté sur un bâtiment construit à la taille de l’horizon.
L’édifice a fortement évolué au fil des transformations successives qui lui ont été apportées pour répondre aux besoins toujours croissants de la Justice. L’œuvre n’est plus aujourd’hui celle qui a été livrée, à un point tel qu’il est devenu difficile, voire impossible, d’en lire les lignes de force et la puissance intrinsèque de composition.
L’exercice méticuleux doit être continué, toute la documentation inventoriée et l’information capitalisée dans un mémoire étendu à l’attention des futurs architectes qui, peut-être bientôt, auront la tâche de redonner toute sa splendeur à cette prodigieuse œuvre architecturale.
Le travail accompli n’est face à cela qu’un premier pas dont le mérite est, potentiellement, de permettre un regard inédit, une nouvelle lecture du Palais de Justice de Bruxelles.