La première moitié du livre propose un tour du conflit à 360° par l’addition des points de vue complémentaires de la sociologie, de la psychologie, de la philosophie, mais aussi de l’histoire et de la philosophie du droit.
S’y font face deux conceptions antagonistes. D’une part, le conflit qui déchire, facteur de division et de destruction, qui dresse les personnes et les groupes les uns contre les autres. D’autre part, le conflit fondateur, facteur constitutif d’une société plurielle, qui fait lien entre les personnes et les groupes dont les valeurs et les intérêts divergent ou se contredisent.
Le droit remplit une fonction essentielle par rapport au conflit puisqu’il a pour mission de le résoudre, notamment le jugement des litiges.
Mais il assure cette fonction par le moyen d’une technique particulière, le débat contradictoire, qui fait toute sa spécificité. Ainsi qu’on l’observe tant au parlement qu’au tribunal, le droit ne résout le conflit qu’après l’avoir déployé dans toute son étendue et son intensité. Il ne nie pas le conflit, il le met en scène et le donne à voir en spectacle au public.
Le projet de loi donne lieu à un affrontement réglé d’arguments entre la majorité et l’opposition ; les parties et leurs avocats ou bien le procureur s’affrontent également pendant toute la durée du procès.
Aussi le droit reconnaît-il à la fois la réalité du conflit et l’importance de sa mise en scène comme mode de fonctionnement social et la nécessité de le résoudre, de le clore, même provisoirement, par un vote ou un jugement. Surtout, il en conjure la violence en le transfigurant en un échange réglé de paroles et d’arguments.
Comme l’écrit François Ost dans l’ouvrage, « le droit est contentieux par nature ; le conflit est son principe actif, son moteur ».
Le droit se construit par nos désaccords, disait Chaïm Perelman.
Ainsi le conflit produit-il du droit qui lui-même ne consacre pas seulement les droits acquis, mais, ainsi que l’écrit encore François Ost, sert parfois de levier au changement social.
On comprend ainsi qu’il convient de comprendre dialectiquement, à la manière de Hegel, plutôt que d’opposer stérilement les deux conceptions antagonistes du conflit.
Dans l’ombre du conflit qui oppose s’opère le travail du négatif qui travaille à l’accouchement du futur.
La seconde moitié de l’ouvrage est consacrée à l’étude spécifique de différents modes de prévention, de gestion et de résolution des conflits.
Le lecteur y découvrira, au-delà du règlement du litige par le juge dans le cadre de la procédure contentieuse, d’autres modes, dits alternatifs, de règlement des conflits, organisés par le droit, comme la conciliation, la médiation, l’arbitrage et le droit collaboratif.
Il ne s’agit plus tant ici de déployer le conflit, de le mettre en scène, que de le gérer dans la discrétion, de tenter de l’apaiser et d’aider les personnes en litige à trouver la voie de sa solution.
Le conflit. Quelles approches ?, sous la coordination d’Alice Dejollier, Catherine Delforge et Jean-François Van Drooghenbroeck, Editions Anthemis, 2020, 234 p., 60 €
Votre point de vue
Skoby Le 12 mai 2021 à 18:21
Apaiser les conflits et aider les personnes concernées à trouver une solution est
une action exemplaire de la Justice.
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