La filmographie de Cédric Kahn n’a pas jusqu’ici retenu l’attention des cinéphiles.
On se souvient tout juste de « L’Ennui » d’après Moravia en 1998, de « Fête de famille » avec Catherine Deneuve en 2019, d’« Une Vie meilleure » avec Leila Bekhti en 2011. Finalement, le meilleur souvenir s’attache à l’acteur dans « L’Economie du couple » de notre Joachim Lafosse, en 2016.
Ici, il nous livre, avec « Le procès Goldman », un film de procès, un procès filmé, comme on le dit du théâtre, dans l’expression « théâtre filmé ».
Avec tous les acteurs traditionnels, penchés autour du puits infini des débats, avec le président de la cour, l’avocat des parties civiles, excellents au demeurant, et surtout, dans le rôle de Georges Kiejman, dénoncé comme le « juif de salon », Arthur Harari, qui va faire la preuve de sa maîtrise de la dialectique, de la célérité de sa réflexion, de la souplesse de ses réflexes.
Le tournage du film a été chronologique, réalisé en plans moyens qui refusent toute sensiblerie et tout pathos.
Le personnage principal est Pierre Goldman, l’auteur des « Souvenirs obscurs d’un Juif polonais né en France », gauchiste patenté, compagnon de route de Régis Debray en Amérique latine. Goldman est accusé à tort, lui le braqueur avoué, du meurtre de deux pharmaciennes à l’occasion d’un coup.
L’intérêt du film est la colère du personnage, anti saint Sébastien, résistant aux flèches qui sont dirigées contre lui. Incarné par un acteur remarquable, nommé Arieh Worthalter. Celui-ci réussit à persuader que Pierre Goldman peut accéder à la célébrité parce qu’il a eu le courage inouï de se mithridatiser contre l’oubli. Cela n‘évitera pas à celui-ci de se faire assassiner après son acquittement par un auteur qui restera inconnu.
Tout le monde était très excité en France à l’époque pompidolienne des années 1970…
Votre point de vue
luc nemeth Le 21 novembre 2023 à 16:45
Bonjour.
En fait, dès la date du premier procès (décembre 1974) la République française n’était déjà plus pompidolienne mais... giscardienne ! Mais ce qui est sûr est qu’elle continuait de faire dans son pantalon rien qu’à la pensée de mai 68 (même si dans le cas personnel de Pierre Goldman il n’y avait pas participé) et que le premier verdict aura été clairement, comme l’a rappelé Philippe Boucher dans son livre Le ghetto judiciaire, un verdict de revanche et de vengeance...
Cordialement
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